Une alerte mondiale, lancée par Apple, met en lumière l’ampleur d’une offensive numérique d’un genre particulièrement intrusif : une campagne coordonnée de logiciels espions visant des utilisateurs d’iPhone dans au moins 100 pays.
Ce mercredi, Apple a officiellement averti plusieurs de ses clients d’une menace sérieuse de cybersurveillance. Des messages ont été envoyés à des individus jugés vulnérables à des attaques sophistiquées dites « mercenaires », impliquant des logiciels capables d’infiltrer un iPhone à distance. L’enjeu est de taille : ces logiciels peuvent accéder à l’écran, au microphone, aux conversations cryptées, à la caméra et aux fichiers personnels, le tout à l’insu de l’utilisateur.
Une offensive d’ampleur planétaire
Révélée par le site spécialisé TechCrunch, l’alerte d’Apple se traduit par l’envoi de courriels confidentiels à des profils ciblés. Journalistes, personnalités politiques, militants… La liste des victimes potentielles reste floue, mais certains noms commencent à émerger. Ciro Pellegrino, journaliste italien, affirme avoir reçu une notification formelle de la firme californienne. De même, Eva Vlaardingerbroek, militante néerlandaise connue pour ses prises de position controversées, a affirmé publiquement être concernée par cette opération d’espionnage.
Dans une déclaration sur le réseau social X (anciennement Twitter), Eva Vlaardingerbroek évoque un logiciel proche du tristement célèbre Pegasus, utilisé par certains États pour surveiller activistes et opposants. Elle dénonce une manœuvre d’intimidation visant à museler certaines voix.
Un niveau d’intrusion alarmant
Dans les alertes envoyées, Apple précise : « Vous êtes probablement visé(e) spécifiquement en raison de votre identité ou de vos activités. Bien qu’il soit impossible d’avoir une certitude absolue dans ces cas, nous avons une forte confiance dans cet avertissement. Veuillez le prendre très au sérieux. »
Le ton est grave. Il s’agit ici de logiciels capables de contourner les systèmes de sécurité les plus avancés. La nature mercenaire de ces attaques laisse penser à l’implication d’acteurs privés ou semi-étatiques, spécialisés dans le cyberespionnage à la demande.
Un extrait d’un des courriels obtenus par Pellegrino précise que la menace concerne potentiellement des utilisateurs répartis dans plus de 150 pays, même si seule une centaine ont pour l’instant reçu des alertes directes.
Apple sur la défensive, la confidentialité en question
La société basée à Cupertino n’en est pas à sa première confrontation avec ce type de menace. Déjà par le passé, Apple avait dû affronter des accusations liées à Pegasus, développé par la société israélienne NSO Group. Depuis, l’entreprise renforce régulièrement ses outils de détection, tout en misant sur une communication transparente avec ses utilisateurs.
Dans un contexte où la confidentialité des données devient une préoccupation mondiale, cette nouvelle attaque pourrait bien relancer les débats sur la régulation des logiciels d’espionnage et la responsabilité des gouvernements qui les utilisent.
Une réponse politique à venir ?
Ce type d’agression numérique pose aussi une question diplomatique : quel cadre juridique pour répondre à ces intrusions ? Les institutions internationales sont, jusqu’à présent, démunies face à l’émergence de ce marché opaque, où les frontières entre la surveillance légale et l’espionnage illégal deviennent floues.
Tandis que les révélations se multiplient, les experts appellent à une coopération renforcée entre les grandes entreprises technologiques, les États et les organisations de défense des droits numériques pour bâtir une réponse collective.
Apple, qui se présente comme un bastion de la vie privée numérique, se retrouve de nouveau sur le devant de la scène, forcé de démontrer que ses promesses de sécurité ne sont pas de simples slogans marketing.
En attendant, la vigilance est de mise pour les utilisateurs d’iPhone à travers le monde. Un simple message dans une boîte mail pourrait bien être le seul rempart entre un individu et une surveillance totale.