Radisson Hotel Group mise sur le Maroc pour ancrer sa domination en Afrique
Radisson Hotel Group mise sur le Maroc pour ancrer sa domination en Afrique

Derrière les chiffres impressionnants du Radisson Hotel Group — 11 hôtels signés, 7 ouverts, 2 000 chambres ajoutées — se dessine une stratégie bien plus large : faire du Maroc un pilier de sa conquête du continent africain. Ce qui pourrait apparaître comme un simple communiqué d’expansion cache en réalité une manœuvre géopolitique hôtelière audacieuse, portée par une vision stratégique à long terme.

Le Maroc, épicentre d’un nouvel élan hôtelier panafricain

Dans un contexte où la concurrence entre chaînes hôtelières internationales s’intensifie sur le continent, Radisson Hotel Group se distingue non pas seulement par le nombre d’ouvertures, mais par la qualité et la pertinence de ses implantations. Le Royaume du Maroc, en particulier, devient un terrain d’ancrage prioritaire. Avec un objectif affirmé de 30 hôtels d’ici 2030, le groupe ne cache pas ses ambitions.

Pourquoi le Maroc ? Selon Ramsay Rankoussi, Vice-Président Développement Afrique et Turquie, « le pays combine stabilité économique, projets d’infrastructure ambitieux et attractivité touristique croissante ». En d’autres termes, le Maroc coche toutes les cases pour devenir un hub régional.

Dans les coulisses, on évoque aussi l’essor du tourisme intérieur post-Covid, le regain d’intérêt des voyageurs pour l’Afrique du Nord, et l’émergence de villes secondaires comme Fès, Agadir, ou Oujda qui cherchent à redéfinir leur image touristique. Ce n’est donc pas un hasard si Radisson s’y déploie avec un tel appétit.

Un pipeline de croissance méthodique, ciblé et territorial

Derrière l’annonce se cache une mécanique bien huilée. En s’appuyant sur des conversions — une technique éprouvée pour limiter les coûts et accélérer les ouvertures — le groupe a pu mettre en service 1 000 chambres rien qu’en 2024, souvent en un temps record. Le cas du Radisson Blu Hotel, Conakry, inauguré seulement trois mois après sa signature, en est une illustration frappante.

Mais cette rapidité ne se fait pas au détriment de la stratégie. Chaque implantation obéit à une logique : entrée en République Démocratique du Congo avec Kinshasa et Lubumbashi, consolidation à Maurice, développement au Cameroun avec Yaoundé. Le fil conducteur : s’imposer à la fois dans les capitales économiques et politiques, mais aussi dans des destinations émergentes.

Radisson contre-attaque dans la bataille des géants

La stratégie du groupe est aussi une réponse directe à l’offensive d’autres mastodontes de l’hôtellerie. Marriott, Hilton, Accor : tous ont intensifié leur présence en Afrique. Mais Radisson joue une carte différente. Plutôt que de se concentrer exclusivement sur les capitales, il adopte une posture “glocale” : déploiement global, adaptation locale.

Cela se manifeste par la diversité de ses marques — de Radisson Blu à Radisson RED, en passant par Radisson Individuals — permettant d’occuper tous les segments du marché, de l’ultra luxe au lifestyle accessible. Une approche qui lui permet de séduire aussi bien le voyageur d’affaires que la clientèle familiale ou les jeunes urbains.

Une vision durable dans un continent en mutation

Au-delà de l’expansion, Radisson veut aussi se positionner comme un acteur responsable. L’objectif de neutralité carbone d’ici 2050 n’est pas un simple slogan. Tous les nouveaux hôtels sont engagés dans une démarche de certification environnementale. Le programme Radisson Meetings, neutre en carbone, s’adresse directement à une clientèle professionnelle de plus en plus exigeante sur les questions RSE.

Dans un continent confronté aux défis du développement durable, cette orientation pourrait faire la différence.
Et maintenant ? Le Maroc, tremplin ou vitrine ?

Alors que 2025 s’annonce comme une année charnière pour le groupe, la question se pose : le Maroc est-il un simple relais de croissance ou une vitrine pour l’avenir de Radisson en Afrique ? Les deux, sans doute. Le Royaume n’est pas seulement un marché porteur, il est aussi un terrain d’expérimentation pour une nouvelle génération d’hôtels, plus durables, plus connectés, et mieux intégrés à leur environnement local.

Dans les années à venir, le visage du tourisme marocain pourrait bien se redessiner sous l’influence de ces grands groupes hôteliers internationaux. Reste à savoir si cette croissance sera au service des territoires et des communautés locales, ou si elle se contentera d’ajouter des étoiles aux façades sans toucher les cœurs.

À suivre.

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