Les écrans clignotaient au rythme des alertes de sécurité. À Rabat, comme ailleurs dans le monde, la menace invisible des cyberattaques plane sur les réseaux énergétiques, véritables artères de l’économie. C’est dans ce contexte que la Russie a tendu la main au Maroc, proposant son expertise pour protéger ses infrastructures critiques.
Le 20 août 2025, une visioconférence a réuni les représentants des deux pays autour d’un sujet à haute tension : la sécurisation des systèmes énergétiques marocains. Romain Marchavin, vice-ministre russe de l’Énergie, a présenté l’offre russe, mettant en avant l’expérience de Moscou dans la lutte contre les virus informatiques, ransomwares et autres menaces numériques sophistiquées. « Nous savons intégrer différentes sources d’énergie dans un réseau unifié tout en garantissant sa stabilité », a-t-il assuré.
Cette proposition ne se limite pas à une simple assistance technique. Elle s’inscrit dans un contexte géopolitique plus large : face aux initiatives américaines et européennes en matière de cybersécurité au Maroc, la Russie cherche à se positionner comme un partenaire alternatif crédible. Son objectif est double : consolider son influence en Afrique du Nord et ouvrir la voie à une coopération stratégique sur un terrain non militaire mais hautement sensible.
Pour Rabat, la question n’est pas théorique. Les attaques contre la CNSS, l’Agence nationale de la conservation foncière et le Conseil national de l’Ordre des notaires ont rappelé que les systèmes numériques, en particulier dans le secteur énergétique, sont des cibles de choix. Une intrusion réussie pourrait paralyser la production et la distribution d’électricité, avec des conséquences économiques majeures.
La Russie propose donc plus qu’un savoir-faire technique : elle offre un bouclier contre des menaces qui ne cessent de croître et un accès à des technologies de pointe pour détecter et neutraliser les attaques avant qu’elles ne frappent. Mais tout partenariat dans le cyberespace comporte ses enjeux : dépendance technologique, interprétation diplomatique et équilibre stratégique entre puissances occidentales et russes.
Dans un monde où l’information et l’énergie deviennent des instruments de puissance, le cyberespace se transforme en nouveau terrain de diplomatie. Pour le Maroc, accepter ou décliner l’offre russe sera moins une question technique qu’un choix politique, un test de souveraineté numérique au cœur des enjeux globaux.