La capitale marocaine a servi de point de convergence pour un chantier continental rarement abordé avec autant de détermination : l’accès universel à l’électricité. Autour d’une même table, décideurs, bailleurs et investisseurs ont donné le ton en ouvrant la première journée « Mission 300 », organisée en marge des Market Days 2025 de l’Africa Investment Forum. L’enjeu n’est plus théorique : il s’agit d’accélérer les réformes et de débloquer les financements permettant de raccorder 300 millions d’Africains supplémentaires d’ici 2030.
L’atmosphère était à la fois technique et politique, les délégations nationales présentant leurs engagements énergétiques, souvent condensés dans des feuilles de route déjà calibrées pour attirer le capital privé. Les ministres des Comores, de la Guinée, de la Gambie ou encore du Lesotho ont détaillé, chacun à leur manière, les étapes à franchir pour garantir un accès universel à l’électricité dans un délai désormais fixé. À Rabat, ces discussions n’ont pas seulement mis en lumière les besoins, mais surtout les avancées réglementaires destinées à rassurer les investisseurs.
Le partenariat à l’origine de cette initiative – Banque mondiale, Banque africaine de développement, Fondation Rockefeller, SEforALL et Alliance mondiale pour l’énergie – entend créer un cadre cohérent : des projets prêts à financer, des pays engagés politiquement et une vision partagée de l’électrification comme levier économique plutôt que charge budgétaire. Depuis sa création en 2018, l’Africa Investment Forum a déjà généré plus de 225 milliards de dollars d’intérêts d’investissement ; « Mission 300 » s’inscrit dans la continuité de cette dynamique.
Les responsables des grandes institutions n’ont pas caché leur optimisme. À la Banque mondiale, on insiste sur le momentum inédit offert par les réformes énergétiques et la multiplication de projets bancables. Pour l’institution, étendre l’accès à l’électricité, c’est aussi élargir l’emploi, stimuler l’activité et renforcer les perspectives de croissance. Même tonalité à la Banque africaine de développement, où l’on rappelle que la réussite passera par des investissements rapides dans la production, la transmission et la distribution, tout en garantissant des tarifs viables et une participation renforcée du secteur privé.
Les partenaires techniques, de leur côté, appellent à repenser les approches classiques. L’Alliance mondiale pour l’énergie met en avant l’innovation et le rôle clé des renouvelables distribuées pour toucher les zones difficiles d’accès. SEforALL insiste sur la nécessité de mécanismes financiers adaptés, capables d’attirer des capitaux privés en monnaie locale. La Fondation Rockefeller, enfin, voit dans « Mission 300 » l’un des projets les plus ambitieux de la décennie, porté par une coordination rare entre gouvernements, philanthropies et institutions multilatérales.
À Rabat, la consigne est claire : passer de l’intention à la mise en œuvre. Si les objectifs affichés restent colossaux, le cadre stratégique se structure rapidement, et l’écosystème d’investissement semble désormais mûr pour transformer la promesse d’électrification en réalité pour des dizaines de millions de foyers africains.





















































