Les lumières s’éteindront plus tôt que d’habitude, et les cris risquent de se mêler aux rires nerveux. Ce mois d’octobre, les complexes Megarama de Casablanca, Rabat, Marrakech, Fès et Tanger City Mall accueilleront La Nuit de l’Horreur, une expérience cinématographique où la frontière entre fiction et réalité se brouille. À partir de 16h, les spectateurs seront plongés dans une nuit sans répit, entre films d’épouvante, happenings inquiétants et décors immersifs conçus pour tester les nerfs les plus solides.
Pour 150 dirhams, un seul ticket ouvre les portes d’un marathon de trois films au choix parmi sept titres soigneusement sélectionnés. Du surnaturel de Conjuring aux terreurs psychologiques de Smile et Talk to Me, en passant par l’angoisse viscérale de The Ritual ou les clowns cauchemardesques de La Nuit des Clowns, chaque salle promet une montée d’adrénaline différente. Les amateurs du genre, souvent frustrés par le manque d’événements dédiés au cinéma d’horreur, trouveront ici un espace où la peur devient collective, presque festive.
Les organisateurs ont voulu plus qu’une simple projection. Entre deux séances, les spectateurs pourront croiser des figurants déguisés, participer à des animations ou immortaliser leurs frayeurs dans des décors inspirés des films à l’affiche. L’objectif est clair : faire de la salle de cinéma un lieu vivant, sensoriel, où chaque recoin réserve une surprise. À mesure que la nuit avance, l’expérience se veut totale — un mélange de cinéma, de performance et de mise en scène grandeur nature.
Mais La Nuit de l’Horreur porte aussi un message plus profond. Derrière les masques et les effets spéciaux, l’événement cherche à redonner au grand écran son pouvoir d’attraction. Dans un contexte où le streaming a transformé les habitudes des spectateurs, ce type d’initiative entend raviver le goût de l’expérience collective. Ressentir la peur à plusieurs, sur grand écran, c’est renouer avec une émotion partagée qui avait peu à peu disparu.
Au-delà du divertissement, cette première édition affirme aussi une ambition culturelle : valoriser le cinéma de genre au Maroc et réinventer la manière dont il est présenté. Trop souvent marginalisé, le film d’horreur retrouve ici sa place légitime dans la diversité du 7ᵉ art. L’engouement déjà perceptible sur les réseaux sociaux laisse présager des salles combles, preuve que le public marocain est prêt à vivre le cinéma autrement.
Quand les portes se refermeront au petit matin, entre fatigue et euphorie, il ne restera qu’une certitude : La Nuit de l’Horreur aura réussi son pari. Celui de transformer la peur en spectacle, et le cinéma en expérience totale.