Bank Al-Maghrib : Abdellatif Jouahri sonne l’alerte sur les cyber-risques du e-paiement
Bank Al-Maghrib : Abdellatif Jouahri sonne l’alerte sur les cyber-risques du e-paiement

Un vent d’alerte souffle sur les couloirs feutrés de la finance africaine. Derrière les promesses flamboyantes du digital, un terrain de plus en plus miné : celui de la cybersécurité. C’est dans ce climat de vigilance que le gouverneur de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri, a tiré la sonnette d’alarme ce lundi à Rabat, appelant les banques centrales africaines à une coalition régionale forte pour affronter les cybermenaces qui planent sur les paiements numériques.

La finance digitale sous pression

Face à l’essor fulgurant des technologies financières et aux échanges transfrontaliers digitalisés, l’Afrique n’a plus le luxe de gérer ses vulnérabilités en ordre dispersé. Jouahri, intervenant lors du séminaire continental de l’Association des Banques Centrales Africaines (ABCA), a planté le décor : le cyberespace est devenu une arène où se joue désormais la stabilité monétaire du continent.

Fraudes massives, phishing, intrusion dans les systèmes bancaires, exploitation des intelligences artificielles à des fins malveillantes… Le tableau est sombre. Et les cryptoactifs et stablecoins, encore peu encadrés, ajoutent à la complexité de l’équation.

Vers une alliance des régulateurs africains

Mais le message de Jouahri n’était pas uniquement un constat d’impuissance. Il a formulé un véritable appel aux armes numériques : mutualiser les efforts, harmoniser les cadres réglementaires et surtout, partager l’intelligence informationnelle. Des plateformes régionales d’échange sur les incidents et menaces cybernétiques sont envisagées, de même que la création de centres d’excellence en cybersécurité et fintech pour doper les compétences locales.

L’idée est claire : il ne s’agit plus d’être simplement réactifs mais de construire une résilience collective, à l’échelle africaine.

Le rôle stratégique des Banques Centrales

En coulisses, une autre bataille se joue : celle de l’équilibre face aux géants du numérique. Les bigtech, avec leurs solutions de crédit boostées par l’IA, grignotent peu à peu les parts de marché des institutions financières classiques. Pour ne pas se faire distancer, Jouahri exhorte les banques à renforcer leurs partenariats avec les fintechs, véritables laboratoires d’innovation financière.

Tout cela, sans jamais relâcher la vigilance : « L’innovation ne peut être un cheval de Troie pour la fragilisation du système financier », a-t-il martelé.

Le Maroc, un cas d’école dans la cybersécurité ?

Si l’Afrique cherche encore ses repères dans ce domaine, le Maroc affiche déjà quelques longueurs d’avance. Le Royaume s’est doté d’une loi sur la cybersécurité, d’une stratégie nationale ambitieuse, et d’un dispositif de coordination institutionnelle piloté par le ministère délégué à la Défense nationale.

Des directives sectorielles encadrent également l’action des institutions financières, faisant du pays un modèle régional d’organisation en matière de sécurité des systèmes d’information.

Un virage incontournable

Le numérique est une lame à double tranchant : il promet inclusion et fluidité, mais impose aussi des exigences nouvelles de protection et de vigilance. L’intervention de Jouahri, bien plus qu’un discours d’ouverture, sonne comme une mise en garde lucide : sans une coopération structurée et stratégique, l’Afrique pourrait perdre bien plus que des données… Elle pourrait perdre sa souveraineté monétaire.

L’heure est à l’union cyber-résiliente.

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