Paiement électronique au Maroc : la révolution silencieuse du CMI saluée par le Conseil de la Concurrence
Paiement électronique au Maroc : la révolution silencieuse du CMI saluée par le Conseil de la Concurrence

À l’ombre du tumulte géopolitique international et des débats internes sur l’inflation ou la transition énergétique, une transformation majeure s’opère au Maroc : celle du paysage des paiements électroniques. Ce mardi, le Conseil de la Concurrence a apporté un soutien appuyé au processus de réforme engagé par le Centre Monétique Interbancaire (CMI), acteur historique et pivot du secteur, marquant ainsi une étape décisive vers un marché plus ouvert, plus concurrentiel… et plus digital.

Un modèle en mutation

Le système marocain de paiement par carte était longtemps figé dans un modèle dit « mono-acquéreur », où le CMI jouait à la fois le rôle de chef d’orchestre et de guichet unique. Un monopole de fait, légitimé par l’histoire, mais de plus en plus incompatible avec les aspirations d’un écosystème moderne. Sous la pression des autorités de régulation, notamment du Conseil de la Concurrence et de Bank Al-Maghrib, le CMI a entamé une mue profonde.

Ce mardi, les résultats semestriels du suivi des engagements souscrits dans le cadre de cette réforme ont été rendus publics. Le verdict est sans ambiguïté : engagements respectés, objectifs atteints, et acteurs alignés.

Une ouverture du marché saluée

Dans son communiqué, le Conseil de la Concurrence met en lumière la « forte implication » du CMI et de ses banques actionnaires. Ces derniers ont su, dans un laps de temps restreint, amorcer une transition vers une architecture multi-acquéreurs, permettant à d’autres établissements de paiement d’entrer sur le marché de l’acquisition.

Autrement dit, un commerçant ne sera plus contraint de traiter uniquement avec le CMI pour accepter les paiements par carte. Désormais, plusieurs opérateurs peuvent fournir ce service, stimulant ainsi la concurrence, l’innovation et la qualité.

Les prémices d’un écosystème concurrentiel

L’évolution du rôle du CMI en tant que plateforme technique neutre, au service de tous les acteurs, est stratégique. Ce repositionnement transforme l’ancien géant en facilitateur d’un marché pluraliste, assurant le « processing » technique tout en laissant le soin aux nouveaux entrants de concurrencer sur les services à valeur ajoutée.

Cette réforme répond aussi à une volonté gouvernementale plus large : celle de booster l’inclusion financière, notamment dans les régions moins bancarisées, et de s’aligner sur les standards internationaux en matière de digitalisation des paiements.

Le paiement multidevises, un jalon symbolique

Parmi les avancées récentes, le lancement du paiement multidevises sur les sites e-commerce marocains, fruit d’un partenariat entre le CMI et Global Blue, montre que le Maroc s’ouvre désormais au monde. Ce service vise à répondre à une clientèle touristique et internationale, tout en positionnant le royaume comme hub régional de commerce électronique.

Des défis subsistent

L’ouverture du marché, aussi prometteuse soit-elle, reste semée d’embûches. La sécurité des transactions, la formation des commerçants, ou encore la fiabilité des infrastructures numériques restent des priorités critiques. De plus, les nouveaux établissements de paiement devront gagner la confiance du grand public et proposer des services réellement compétitifs.

Un tournant stratégique pour le numérique marocain

À terme, cette transition vers un marché pluraliste pourrait ouvrir la voie à l’intégration des fintechs, à la montée en puissance du paiement mobile, et à la démocratisation des portefeuilles électroniques. Une évolution qui changerait non seulement la manière dont les Marocains paient, mais aussi celle dont ils interagissent avec le système bancaire.

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