Le Maroc a présenté à Amman son modèle de transformation numérique lors du congrès régional « Vers une région arabe numériquement accessible – Technologies de l’information et de la communication pour tous 2025 », une rencontre de haut niveau organisée en Jordanie avec le concours de plusieurs institutions internationales. À cette occasion, l’Agence de Développement du Digital (ADD) a exposé les grandes lignes de la stratégie numérique marocaine, mettant en avant les avancées enregistrées au cours des dernières années.
C’est au nom de l’ADD que Safaa El Alaoui, cheffe du service Accès digital universel, est intervenue pour expliquer comment le Maroc s’attelle à bâtir une société numérique inclusive. Elle a souligné que la feuille de route de l’agence s’inscrit dans une vision claire : rendre les technologies numériques accessibles à tous les citoyens, favoriser leur adoption et renforcer la qualité des services publics à travers le numérique.
Parmi les axes principaux de cette stratégie figurent la transformation numérique de l’administration, l’interopérabilité entre les institutions, la simplification des démarches administratives pour les usagers et la stimulation de l’économie digitale. Un ensemble cohérent qui vise également à consolider le positionnement du Maroc en tant que hub technologique en Afrique.
Le Royaume a d’ailleurs franchi une étape décisive en septembre 2024 avec l’adoption de la stratégie nationale « Maroc Digital 2030 ». Ce programme ambitieux, piloté par le ministère de la Transition numérique et de la Réforme de l’Administration, vise à encourager l’émergence d’un écosystème numérique national, à générer de la valeur ajoutée locale et à créer de nouveaux emplois dans les filières technologiques. Il s’agit aussi d’accélérer la digitalisation des services publics à travers une approche centrée sur le citoyen et les entreprises.
Parmi les projets les plus emblématiques portés par l’ADD, la plateforme d’échange de données interadministrative a été citée comme un outil clé dans l’amélioration de la performance du secteur public. Conçue pour dématérialiser et fluidifier les échanges entre administrations, elle permet un accès plus simple et rapide aux services pour les citoyens.
Autre initiative phare : le « Digital Lab », un laboratoire d’innovation mobilisant des équipes pluridisciplinaires pour accompagner les administrations dans leur transformation numérique. Ce laboratoire pilote divers projets axés sur la conception rapide de services digitaux et la co-création de solutions avec les parties prenantes.
Mme El Alaoui a également mis en avant « Dar Al Mouwatin », un projet de guichet unique qui facilite l’accès aux prestations électroniques pour les populations les plus vulnérables. Ce centre de proximité incarne la volonté de rapprocher les citoyens des services publics dans une logique d’inclusion sociale et numérique.
L’ADD œuvre aussi sur le terrain de la formation et de la sensibilisation avec la plateforme « Academia Raqmya ». À travers le programme « Parcours d’acculturation digitale », cette initiative vise à renforcer les compétences numériques des citoyens, en particulier des jeunes, et à diffuser une culture digitale solide et ancrée dans les réalités du marché.
Dans un autre registre, le Maroc, en partenariat avec la Commission économique et sociale des Nations unies pour l’Asie occidentale (CESAO), s’est engagé dans l’élaboration d’une feuille de route nationale dédiée à l’accessibilité numérique. L’objectif est d’établir un cadre de référence favorisant la conception de services digitaux inclusifs et respectueux des normes d’accessibilité, notamment en direction des personnes en situation de handicap.
Le congrès régional, qui a réuni des experts, des décideurs et des représentants institutionnels, a permis de réfléchir collectivement aux moyens de renforcer l’inclusion numérique dans la région arabe. Des échanges nourris ont porté sur les apports potentiels des technologies émergentes – notamment l’intelligence artificielle – pour réduire le fossé numérique et garantir l’autonomisation des catégories marginalisées, comme les personnes âgées ou les populations rurales isolées.
Cette rencontre a été l’occasion pour les pays participants de partager leurs expériences, d’identifier des synergies possibles et d’imaginer une coopération régionale autour d’un numérique plus équitable. L’expérience marocaine, structurée, proactive et tournée vers l’innovation, a suscité un vif intérêt parmi les participants, soulignant la place croissante du Royaume sur la scène numérique régionale.