La photographie est claire : la gouvernance des entreprises marocaines n’est plus une option, mais une exigence. Ce jeudi à Casablanca, la Confédération Générale des Entreprises du Maroc (CGEM) a dévoilé les résultats de la troisième édition de son Baromètre de la Gouvernance Responsable. Ce rapport, fruit d’un travail de terrain et de données consolidées, dresse le portrait d’un tissu économique qui avance à pas assurés vers plus de transparence, d’équilibre et d’inclusivité.
Conçu en collaboration avec la Bourse de Casablanca, l’AMMC, l’APE et le cabinet Ethics & Boards, l’outil a observé 92 entreprises marocaines selon plus d’une centaine d’indicateurs. Les conclusions tracent une évolution notable, portée par des efforts de mise à niveau et un engagement croissant pour répondre aux standards internationaux. Ce qui frappe d’abord, c’est la féminisation des instances dirigeantes : les conseils d’administration comptent désormais 29 % de femmes, soit une progression remarquable de huit points en seulement deux ans. L’indépendance des conseils se renforce également, avec près d’un quart des administrateurs désormais qualifiés d’indépendants.
Les entreprises marocaines semblent aussi mieux armées structurellement. La dissociation des fonctions de président et de directeur général, souvent considérée comme un indicateur de bonne gouvernance, gagne du terrain, tout comme la régularité des réunions de conseil, qui affichent une assiduité exemplaire de 94 %. Les comités d’audit, pour leur part, sont de plus en plus pilotés par des profils indépendants, gage de crédibilité et de contrôle renforcé.
Mais c’est sans doute sur le terrain de la durabilité que le changement se fait le plus sentir. Plus de la moitié des entreprises analysées intègrent au moins un référentiel international ESG dans leur stratégie, tandis que 73 % publient désormais des rapports RSE complets. Cette dynamique illustre une maturation du reporting extra-financier et une conscience accrue de la responsabilité sociale comme facteur de compétitivité.
La conférence, présidée par Mehdi Tazi, vice-président général de la CGEM, s’est prolongée par une table ronde réunissant des représentants d’entreprises cotées, publiques et familiales. Tous ont convergé sur un même constat : la gouvernance n’est plus une question administrative, mais un levier de performance et de confiance. Dans un contexte économique mondialisé et instable, la solidité des structures décisionnelles devient un atout stratégique.
Ce baromètre 2024 confirme une réalité : les entreprises marocaines sont en train de redéfinir leur rapport à la gouvernance. Elles passent d’une logique de conformité à une logique de conviction. Cette transformation, lente mais tangible, pourrait bien dessiner les contours d’un nouveau modèle marocain où éthique, performance et durabilité s’allient pour façonner l’économie de demain.




















































