Renault ouvre son trésor roulant lors d’une vente historique
Renault ouvre son trésor roulant lors d’une vente historique

L’annonce est passée comme un éclair dans le milieu automobile : près d’un quart de la mythique collection Renault sera proposé aux enchères fin 2025. Une décision stratégique qui accompagne la création d’un futur musée à Flins-sur-Seine et rebat entièrement les cartes pour les passionnés de la marque au losange.

À mesure que Renault transforme son ancien site industriel en un espace culturel dédié à ses 125 ans d’histoire, la marque entreprend un tri inédit dans son patrimoine roulant. L’objectif : ramener la collection à 600 modèles essentiels, tout en permettant à une centaine de voitures et une centaine d’objets emblématiques de prendre une nouvelle vie entre les mains de collectionneurs privés. Le tout sera orchestré par Artcurial Motorcars, partenaire depuis 2022, pour une vente programmée le 7 décembre 2025 au cœur même de l’usine de Flins.

Pas question ici d’une vente classique. Plus de 90 % des lots partiront sans prix de réserve, une rareté absolue pour des pièces issues directement d’un constructeur. Et la diversité des modèles résume, à elle seule, l’aventure Renault : de ses premiers tours de roues aux révolutions technologiques de la Formule 1, en passant par les gloires du rallye et de l’endurance.

Les premières décennies seront représentées par des machines presque muséales, comme une Type D de 1901 encore opérationnelle, ou un autobus de 1933 sorti droit d’un film d’époque. Les ateliers de la collection présenteront même des répliques façonnées pour le centenaire de 1998, témoignant des efforts engagés pour préserver la mémoire industrielle du constructeur.

Mais c’est la section compétition qui risque d’enflammer les enchères. Renault Sport, pionnier du turbo en Formule 1, voit une vingtaine de ses monoplaces des années 1981–1985 s’inviter au programme. Des châssis pilotés par Arnoux, Jabouille, Tambay, Cheever, Prost… et parmi eux, la RE40 victorieuse à Spa, figure presque mythologique d’une décennie qui fit basculer la discipline dans l’ère moderne. Certaines voitures seront livrées avec leurs carnets techniques originaux, documents d’ingénierie aussi rares que convoités.

À leurs côtés, l’A442 châssis 0 rappellera la conquête mancelle, tandis que les amateurs de rallye retrouveront des machines aussi mythiques que la Maxi Turbo 5 prototype B0 ou la Renault 5 GT Turbo Bandama, encore couverte de la poussière rouge de Côte d’Ivoire. Une matérialité brute qui raconte mieux que des mots les aventures d’Alain Oreille et des pilotes qui ont hissé Renault parmi les grands.

La vente fera aussi la part belle aux voitures iconiques du quotidien : 4CV restaurée, Clio Williams dans un état stupéfiant d’origine, R5 Police ou encore une Floride « Disney » improbable, petit clin d’œil à une époque où l’automobile se rêvait autant qu’elle se conduisait. Certains lots seront même accompagnés de leur carte grise, privilège rarissime lorsque le vendeur n’est autre que le constructeur lui-même.

L’univers Alpine ne sera pas en reste : A610 Evolution, V6 Turbo, maquettes de travail, autant de pièces illustrant l’histoire parallèle mais profondément liée des deux marques.

Une autre centaine d’objets viendra compléter le catalogue : maquettes de soufflerie, prototypes de design, moteurs de Formule 1 dont un V6 Turbo EF15 complet – le même type que celui utilisé par Ayrton Senna en 1986 –, ou encore des casques et combinaisons faisant écho aux heures héroïques de Viry-Châtillon.

Et comme toujours avec Renault, l’imagination dépasse parfois la simple automobile. Quelques pièces inattendues seront également proposées : bateaux, autorails miniatures, pendules, et surtout l’une des trois « Reinastella », cette mystérieuse soucoupe volante conçue pour Eurodisney, témoin d’une époque où le constructeur osait des détours créatifs inattendus.

Cette vente ne se limite pas à disperser un patrimoine : elle l’élargit, le partage, et permet à un public de passionnés d’en devenir les nouveaux gardiens. Une page se tourne à Flins-sur-Seine, mais une autre s’écrit déjà — celle d’un musée appelé à devenir l’un des lieux automobiles majeurs d’Europe dès 2027.

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