À Rabat, le RPFF amorce sa mission africaine avec un premier conseil d’administration stratégique
À Rabat, le RPFF amorce sa mission africaine avec un premier conseil d’administration stratégique

Dans les allées feutrées du Africa Investment Forum, une séance moins visible mais déterminante s’est tenue à Rabat : la toute première réunion du Conseil d’administration du Mécanisme de financement du Processus de Rome/Plan Mattei. Un moment symbolique pour cet instrument financier encore jeune, mais qui affiche déjà de fortes ambitions pour le continent.

D’entrée, les administrateurs ont adopté un plan de travail 2026 qui donne le ton. Près de 100 millions d’euros seront engagés dès l’an prochain, avec un effet de levier attendu de plus de 550 millions d’euros grâce aux ressources de la Banque africaine de développement. De quoi alimenter des projets allant de l’énergie à l’eau en passant par les transports, avec une priorité assumée : soutenir une croissance inclusive, améliorer les services essentiels et répondre aux pressions migratoires en s’attaquant à leurs causes structurelles.

Ce cadre opérationnel intervient quelques mois seulement après l’approbation officielle du RPFF par les gouverneurs de la Banque africaine de développement. À Rabat, Kevin Kariuki a rappelé le rôle central de ce mécanisme pour mieux aligner les financements avec les défis climatiques et socio-économiques du continent. Car le RPFF ne se limite pas à injecter des fonds : il oriente des prêts concessionnels, attribue des dons, finance l’assistance technique et cible des projets à fort impact dans des secteurs essentiels où les besoins restent criants.

Les partenaires fondateurs en ont profité pour réaffirmer leurs motivations. Pour l’Italie, représentée par Lorenzo Ortona, le RPFF matérialise l’esprit du Plan Mattei : transformer un discours de coopération en chantiers concrets qui dynamisent les économies locales et renforcent la résilience climatique. Les Émirats arabes unis, par la voix de Sarah Jasim, ont insisté sur l’importance de coalitions internationales pour soutenir l’Afrique dans la construction d’infrastructures durables et dans l’amélioration des conditions de vie.

Le mécanisme compte à peine quelques mois d’existence mais affiche déjà des réalisations tangibles. En Angola, un prêt concessionnel de 17 millions d’euros contribue à un vaste programme de transformation agricole dans la Province orientale, avec pour objectif de structurer des chaînes de valeur et de consolider la sécurité alimentaire régionale. En Éthiopie, un don de six millions d’euros soutient un programme hydraulique dans la zone de Borana II : accès à l’eau sécurisée, assainissement résilient au climat, gestion des bassins versants et implication accrue des femmes constituent les piliers du projet.

Daniel Schroth, qui pilote la coordination technique du RPFF à la BAD, a salué le rôle moteur de l’Italie et des Émirats dans la mise en place du fonds. Selon lui, l’architecture du mécanisme est pensée comme un accélérateur de projets transformateurs, capable d’appuyer à la fois les priorités climatiques et le développement économique partagé.

Construit comme un outil multi-donateurs, hébergé par la Banque africaine de développement, le RPFF se veut agile : deux guichets distincts permettent de financer l’assistance technique d’un côté et les investissements structurants de l’autre. Le mécanisme entend renforcer les institutions locales, encourager la gouvernance, soutenir l’emploi et accompagner les projets capables d’apporter des résultats durables sur le terrain.

À Rabat, cette première réunion aura surtout confirmé une chose : le RPFF veut avancer vite. Et si ses débuts laissent déjà apparaître un rythme soutenu, les partenaires réunis à l’AIF comptent bien faire de 2026 l’année où le mécanisme commencera véritablement à peser sur les trajectoires de développement du continent africain.

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