Sur le littoral atlantique, au cœur de la zone industrielle de Jorf Lasfar, une silhouette métallique commence à prendre forme. D’ici quelques mois, ce chantier encore bruissant de marteaux et de grues abritera l’une des étapes les plus attendues dans la stratégie de Falcon Energy Materials : une usine pilote de graphite sphérique purifié, matériau indispensable aux batteries de nouvelle génération.
Un chantier sous haute vitesse
L’entreprise canadienne avance à pas rapides. Selon ses prévisions, la livraison du site est attendue pour le dernier trimestre 2025. Mais Falcon a choisi de mettre la barre encore plus haut : les premiers échantillons destinés aux partenaires et clients potentiels devraient être disponibles dès septembre, signe d’un calendrier serré mais maîtrisé.
Jorf Lasfar, un emplacement calculé
Falcon n’a pas choisi le Maroc par hasard. La zone industrielle de Fluoralpha SA offre une combinaison rare : proximité immédiate d’un port capable de traiter des flux internationaux, coûts d’exploitation compétitifs et accès privilégié aux marchés européens et nord-américains. Un atout qui positionne Jorf Lasfar comme un maillon clé de la future chaîne mondiale d’approvisionnement en matériaux pour batteries.
Plus qu’un pilote, un signal stratégique
« Nous ne fabriquons pas seulement des échantillons de graphite », insiste Matthieu Bos, PDG de Falcon. Derrière les murs de cette unité expérimentale se dessine en effet une ambition beaucoup plus vaste : préparer le terrain à une usine commerciale d’envergure, prévue pour une capacité de 25.000 tonnes par an de graphite sphérique purifié revêtu (CSPG). Une production qui pourrait générer un EBITDA estimé à 152 millions de dollars par an, avec une marge impressionnante de 62%.
Une chaîne intégrée, de la Guinée au Maroc
Falcon s’appuie sur un modèle « mine-to-market », intégrant toute la chaîne de valeur. À la base, une mine de graphite de haute pureté en République de Guinée. En aval, le Maroc accueillera l’unité de conversion à forte valeur ajoutée. Les équipements nécessaires à l’usine pilote ont déjà été acquis et testés en Chine, avant d’être expédiés vers le royaume.
Le Maroc, nouveau terrain de jeu des batteries
L’initiative de Falcon s’inscrit dans un mouvement plus large : celui du Maroc qui se positionne comme hub incontournable dans l’industrie des batteries électriques. Après les projets liés aux cathodes et aux usines d’assemblage, l’arrivée d’un acteur spécialisé dans les anodes complète peu à peu le puzzle.
En plantant ses premières fondations à Jorf Lasfar, Falcon Energy Materials envoie un signal clair : le futur de la mobilité électrique mondiale pourrait bien s’écrire, en partie, depuis le Maroc.