Sans fanfare, les comptes de Bank of Africa s’imposent cette année comme l’un des marqueurs les plus solides du paysage financier marocain. Derrière les chiffres en progression, c’est une mécanique interne plus affûtée, une maîtrise renforcée du risque et une stratégie commerciale assumée qui expliquent la trajectoire de la banque sur les neuf premiers mois de 2025.
La performance la plus scrutée reste le résultat net part du groupe, désormais établi à 3 milliards de dirhams, soit 12% de plus qu’un an auparavant. Mais ce sont les moteurs internes de cette croissance qui attirent l’attention : une marge d’intérêts en nette reprise, une activité de commissions revigorée et des revenus de marché stabilisés dans une tendance ascendante. Ces éléments permettent au PNB consolidé de franchir 15,3 milliards de dirhams, confirmant une progression régulière plutôt qu’un sursaut ponctuel.
L’autre rupture s’observe dans l’efficacité opérationnelle. La banque réduit sensiblement son coefficient d’exploitation, un indicateur clé de discipline interne. En social, l’amélioration est spectaculaire, glissant sous les 40%. En consolidé, la tendance suit, témoignant d’un recentrage sur les dépenses réellement génératrices de valeur. Cette rigueur se traduit directement dans le résultat brut d’exploitation, qui bondit à 8,6 milliards de dirhams.
Sur le terrain commercial, Bank of Africa mise clairement sur les entreprises, en particulier sur le financement de l’équipement. Cette orientation lui permet d’élargir sa part de marché sur ce segment stratégique, tout en maintenant un rythme de croissance plus modéré sur les crédits globaux. Avec un encours consolidé qui dépasse désormais les 227 milliards de dirhams, la banque confirme son rôle d’acteur pivot dans le soutien à l’investissement.
L’évolution des dépôts suit une dynamique parallèle, portée en grande partie par les ressources non rémunérées. Au Maroc, elles progressent de 4% en quelques mois, améliorant la structure de liquidité de l’institution et offrant davantage de marge de manœuvre pour financer la croissance.
L’un des signaux les plus significatifs vient cependant de la gestion du risque. La banque consolide encore son taux de couverture des créances douteuses, qui atteint près de 70%. Cette stratégie prudente, amorcée depuis plusieurs exercices, vise à stabiliser la qualité du portefeuille et à anticiper d’éventuelles secousses conjoncturelles.
Dans un contexte où les banques marocaines jouent un rôle croissant dans le financement de la transition économique, la trajectoire de Bank of Africa illustre un positionnement assumé : croissance maîtrisée, renforcement interne et vigilance sur le risque. Une combinaison qui lui permet, trimestre après trimestre, d’étendre son avance sans rompre l’équilibre de son modèle.


















































