À Rabat, au cœur d’un contexte international marqué par l’explosion des usages numériques et la multiplication des circuits illégaux de diffusion, les autorités marocaines et leurs partenaires internationaux ont franchi une étape structurante dans la lutte contre le piratage audiovisuel. Réunis à l’occasion du premier séminaire international consacré à cette problématique, les acteurs publics, institutionnels et privés ont validé une feuille de route nationale destinée à coordonner durablement l’action contre ce phénomène aux répercussions économiques, culturelles et sécuritaires majeures.
Organisée par le Bureau Marocain des Droits d’Auteur et Droits Voisins, en partenariat avec des institutions internationales de référence, cette rencontre a rassemblé à Rabat des représentants des autorités administratives et judiciaires, des services de lutte contre la cybercriminalité, des régulateurs, ainsi que des experts du secteur audiovisuel et des organisations professionnelles. Les travaux se sont déroulés en présence de Mehdi Bensaid, soulignant l’importance stratégique accordée par les pouvoirs publics à la protection des œuvres et à la régulation de l’écosystème numérique.
Les échanges ont mis en lumière le caractère transversal du piratage audiovisuel, à l’intersection de la propriété intellectuelle, de la criminalité organisée, de la cybersécurité et de la protection des consommateurs. Les participants ont insisté sur l’urgence d’une réponse anticipée, alors que le Maroc s’apprête à accueillir des événements sportifs d’envergure continentale et mondiale, exposant davantage le pays aux réseaux de diffusion illicite et aux atteintes aux droits des ayants droit.
La feuille de route adoptée pose les bases d’une action collective structurée. Elle prévoit notamment un renforcement de la coordination institutionnelle entre les différentes autorités concernées, une montée en compétence juridique et technique des acteurs chargés de la répression, ainsi qu’une modernisation des dispositifs de blocage des contenus illicites en ligne. L’objectif affiché est de dépasser les réponses ponctuelles pour installer un cadre opérationnel pérenne, capable d’évoluer au rythme des technologies et des modes opératoires des réseaux frauduleux.
Au-delà des mesures coercitives, les discussions ont également mis l’accent sur la prévention et la sensibilisation du public. La protection des consommateurs, et en particulier des mineurs, figure parmi les priorités identifiées, tout comme la lutte contre les cybermenaces associées aux plateformes illégales, souvent vectrices de fraudes, de logiciels malveillants et d’atteintes à la vie privée. Le piratage audiovisuel est désormais abordé comme une forme de criminalité organisée à part entière, nécessitant des outils d’enquête adaptés et une coopération renforcée aux niveaux régional et international.
Les intervenants ont rappelé que la protection effective des œuvres audiovisuelles constitue un levier déterminant pour l’attractivité économique du pays. Elle conditionne la confiance des investisseurs, soutient le développement de l’industrie créative nationale et préserve les revenus des créateurs marocains, directement impactés par la diffusion illégale de leurs œuvres et par l’érosion de la valeur des contenus.
Dans cette dynamique, le BMDAV s’est engagé à contribuer à la mise en place d’une commission réunissant autorités publiques, opérateurs télécoms et ayants droit. Cette instance aura pour mission de définir les modalités opérationnelles du blocage des sites temporaires de diffusion illégale et d’accompagner les autorités par des actions de formation technique ciblées, afin d’améliorer l’efficacité des dispositifs de lutte contre le piratage audiovisuel.
Cette initiative s’inscrit dans un mouvement plus large de mobilisation contre les atteintes à la propriété intellectuelle, faisant suite à d’autres rencontres nationales consacrées à la lutte contre la contrefaçon organisée. Elle confirme la volonté du Maroc de s’affirmer comme un acteur engagé et crédible dans la protection des contenus audiovisuels, en consolidant un cadre de coopération internationale à la hauteur des enjeux numériques contemporains.


















































